Si Gwann passe par là, il va croire que je radote.
Tu as raison sur la prudence à utiliser le mot "bien" pour décrire la philosophie de Nietzsche ; je vais dégrossir le tout et te donner des idées générales et des exemples connus. Pour un approfondissement, le meilleur moyen est de lire Nietzsche, tu fera ta propre interprétation de ses propos.
Brisons déjà les clichés : Nietzsche n'était pas antisémite, il avait d'ailleurs une grande admiration pour les Juifs, qu'il respectaient pour leur capacité à endurer les coups du destin. Il n'a rien de pré-nazi ; c'est sa soeur, mariée avec un antisémite, qui a repris ses travaux et altéré ses oeuvres pour les rendre propice à la xénophobie et au futur nazisme. Ce n'était pas un rebelle nihiliste qui veut détruire ce monde de mêêêrde ; sa philosophie prône la jouissance de la vie, les plaisirs terrestres ; il adorait la musique et la danse, par exemple.
Sa philosophie en elle-même est indescriptible en quelques paragraphes ; dans les grandes lignes, le fil rouge est l'avènement du Surhomme. Le Surhomme n'est pas un Superman, ou un être devant opprimer les autres ; c'est un homme ayant abandonné certaines pratiques et sentiments, et en ayant acquis d'autres, pour s'élever au dessus de l'humain. "L'Homme est un fil tendu entre l'animal et le Surhomme, au dessus de l'abîme" disait-il ; c'est donc la suite de notre évolution. Nous étions animaux sans conscience, nous sommes devenus humains civilisés, nous deviendrons Surhommes.
Pour atteindre ce stade de Surhomme, il faut avant tout se débarrasser des préceptes religieux (et principalement chrétiens ; il ne faut pas oublier que Nietzsche se destinait à la prêtrise, étant jeune). La religion bride notre volonté, nos capacités, et nous empêche de nous accomplir pleinement et de nous lier aux autres. C'est une invention des faibles pour contrôler les forts. Il faut abandonner les choses comme la croyance des dons magiques des prêtres lors de la communion, la pitié, ou le sentiment de culpabilité du Péché Originel, etc. L'acte le plus important, lié à la religion, est de dépasser le concept du bien et du mal ; la morale est une invention religieuse dans le but de brider.
Autre concept nietzschéen, parfois mal compris ; la Volonté de Puissance. Quand Nietzsche parle de cela, il ne veut pas promouvoir l'oppression de qui que ce soit sur d'autre ; il ne fait que poser un constat. Tous nos actes, nos paroles, nos relations, sont dictés par la Volonté de Puissance ; notre relation avec les autres tend toujours à imposer notre vision des choses et notre personnalité à d'autre. Pas nécessairement consciemment ; beaucoup de gens ont la meilleure intention du monde en interagissant avec autrui, mais tout cela mène à une lutte de pouvoir. Là encore, ce n'est ni bien ni mal ; c'est, voilà tout.
Je pense avoir fait un tour général ; je n'aborde pas des sujets comme le nihilisme car j'avoue ma méconnaissance de ce sujet ; Nietzsche en parle finalement peu, et souvent en codé. De même, je ne saurai dire s'il considérait le Surhomme comme un avènement nécessaire (dans le sens premier du terme), ou comme une occasion que l'Homme ne doit pas rater.
Nietzsche doit se lire pour être interprété et compris ; c'est très difficile de décrire rapidement sa philosophie. Cependant, si tu as des questions, je tenterai d'y répondre de mon mieux.