Prologue réalisé, j'aimerai connaître vos avis...
« Pour votre sécurité, route sous vidéo-surveillance. »
« L'enfer est pavé de bonnes intentions. »
Trop souvent, les intentions sont louables, portées par des hommes qui pensent sincèrement à leur conférer une utilité pour tous. Encore faut-il que la mise en application de l'idée soit à la hauteur..
Prologue :
Tout a commencé simplement, innocemment, insidieusement, par l'apposition au bord de nos routes, de pancartes dont les mots aiguisés illuminaient notre obscurité, tentant vainement de nous tenir constamment en éveil : « Pour votre sécurité, route sous vidéo-surveillance ». Une phrase banale et sans verbe, mais à la portée illimitée et aux ramifications insoupçonnées. En effet, l'utilisation constante par une démocratie de moyens de contrôle et de surveillance des administrés dans leur propre intérêt évidemment, légitime plus tard le gouvernement autocratique qui en use et abuse pour accomplir des desseins plus personnels.
Nous avons assisté aux prémices d'une fuite avant sans fin, ne rechignant à aucun sacrifice tant que notre protection physique serait assurée. Après nos routes, ce furent nos villes. Et là encore, personne n'a rien dit ou fait. Au fond, tout le monde était soulagé. Désormais, nos rues seraient sûres. Mais, qu'en serait-il de nos vies ? Le sentiment d'insécurité grandissant menace l'essence même de notre régime, car il est tirée de la peur de l'autre, quelque qu'il soit. Or, cet individu c'est la démocratie, c'est-à-dire non pas la liberté, mais l'égal accès à la participation dans la société, la reconnaissance de la différence. Lorsque dans un alter, je ne vois plus qu'une source de menace potentielle, alors je fournis le ciment à la construction d'un régime tyrannique, mais rassurant. Nous avons préféré notre survie physique à notre vie.
De même, les parents, inquiets pour leurs enfants ; les personnages âgées craignant pour leur vie, dans un même élan, avaient réussi à imposer aux corps des enfants ou aux leurs l'installation de puces électroniques. Non seulement, nous avions volontairement tendu nos mains vers ces chaînes, mais en plus, nous voulions ardemment cette prison sécuritaire. Si à l'origine, la société qui commercialisa ce nouvel outil protecteur semblait souhaiter le bonheur de tous, il suffit d'un petit scandale (l'utilisation à titre personnel d'un homme de la compagnie pour découvrir chez qui sa femme se rendait trop régulièrement à son goût) pour que les hommes politiques, à l'époque pour de bonnes raisons, décidèrent de sa mise sous tutelle. C'est ainsi qu'en une génération, l'État se trouva à la tête d'un appareil permettant de contrôler, de surveiller chacun de nous pour son bien, et – c'était nouveau – pour le bien de la société.
Quand la communauté rentre en compte et qu'aucun organe ne la limite, elle finit par écraser peu à peu l'individualisme existant. Quand le tout a une valeur infinie et l'être dans son unicité, est méprisée, c'est ici que le pire est toléré, le meilleur écarté. Ne soyez pas effrayés cette histoire nous est arrivée, elle vous arrivera bien assez tôt.
Terré dans des souterrains d'un autre temps, apeuré dans cet espace où la seule des compagnies agréables est les rats, ignoré par nos compagnons de fortune, occupé à rechercher un regard des Supérieurs, drogué par nos puces qui nous distillent constamment de la morphine, c'est ainsi que vit les lambeaux de notre espèce. Ce n'est que bien plus tard que j'ai eu conscience de cette évolution. Au début, j'avais la chance d'être « normal »...