Les Feuilles Lues se ramassent à la pelle

( Le Factotum pour le titre)

Création de ce topic ô combien original, reconnaîtront les habitués des forums. Mais je reste persuadée que la population Hybris-glacienne parlant de ses dernières lectures sera de fort bon conseil de ce côté-là, et saura aguicher ou freiner l’éventuel futur lectorat.

Quant à moi, s’il faut bien commencer, je vais volontiers parler du dernier livre qui m’est tombé entre les mains, cependant aux vues de sa notoriété, j’imagine que ce qui suit ne vous apprendra rien. (je vous aurai bien parlé de La Roue du Temps, voire de Nodame Cantabile, cela-dit, mais je doute que cela intéresse grand monde – fort malheureusement, au demeurant – bref).

Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos : Cécile de Volanges, jeune demoiselle sortie du couvent pour être mariée par sa mère à un certain Comte de Gercourt, brillant par son absence. La Marquise de Merteuil, proche de Mme de Volanges, décide de se venger de ce Gercourt, ancien amant l’ayant délaissé pour une autre. Pour cela elle fait appel à un autre de ses anciens amants (oui elle ne fait pas vraiment dans le genre bonne sœur la Marquise) et ami, le Vicomte de Valmont, et lui demande de débaucher l’innocente jeune fille, afin que le mariage de Gercourt soit quelque peu ébranlé. Ce cher libertin de Vicomte refuse, car il est occupé, chez sa tante de Rosemonde, à faire la cours à cette "Prude" de Présidente de Tourvel, dont il veut faire de sa future réussite un nouvel exploit…

La suite en lisant ce superbe roman épistolaire, qui une fois ouvert, sera très dur à éloigner. En effet, le système d’enchaînement de lettres d’une moyenne de 4 pages rend la lecture très agréable, et non découpées en larges chapitrages imposés, je me sentais incapable de fermer le bouquin. "Allez, encore une p’tite lettre et après j’arrête". Cet univers de libertinage en plein XVIIIème siècle, toutes ces liaisons et ces engrenages terribles, menés pour la plupart par les ficelles tirées par Merteuil et Valmont… J’adore. Surtout Merteuil, que de machiavélisme dans cette brave personne ! Il y aurait beaucoup de choses à dire sur la fin également, mais je ne veux rien gâcher aux rares personnes qui ne l’auraient pas lu ou vu les adaptations en films ou téléfilms.

Je viens de finir "Alien Earth", de Megan Lindholm/Robin Hobb. Voici la 4e de couverture :

Citation :

La Terre est morte. Et les humains ont bien failli disparaître avec elle. Heureusement, les Arthroplanes, des insectoïdes aux motivations obscures, les ont évacués vers deux planètes jumelles, Castor et Pollux. Les humains ont muté par force pour s’adapter à leur nouvel habitat. Mais ils ont conservé la nostalgie de leur monde d’origine, Alien Earth, devenu terre étrangère. Son écosystème a peut-être eu le temps de se réparer. Il faut aller y voir. Alien Earth, paradis ou enfer ?

Je lis très peu de SF, je suis plutôt porté fantasy, mais j'avoue que la transition s'est faite en douceur ; ça se lit très bien, le cadre se met en place facilement et rapidement, tout en réservant de très bonnes surprises tout le long de la lecture. Pour approfondir un peu la 4e de couverture : la race humaine a été contacté par les Arthroplanes, des "insectoïdes" qui leur ont proposé de déménager une partie de la population humaine, vers Castor et Pollux, deux planètes jumelles, et de ré-éduquer les Humains pour qu'ils n'endommagent plus l'écosystème, voire pire : ne laissent aucune trace de leur vie. John (je ne sais plus s'il a un nom, d'ailleurs), un capitaine d'Anilvaisseau (des êtres conscients parasités par les Arthroplanes pour leur servir de grands vaisseaux spatiaux), est engagé pour une mission qui changera peut-être le destin des Hommes et les libèrerait des Arthroplanes : la Terre est-elle de nouveau habitable ?

Avec très peu de personnages (cinq principaux), Hobb expose son talent en les faisant interagir entre eux de très belle façon, et en interpelant le lecteur sur le problème à double-tranchant de l'écologie. La société s'est mise à l'écolo-mania, et de très nombreux groupes pseudo-politiques nous harcèlent sur ce sujet et la nécessité de limiter notre impact sur l'environnement. Ce livre pousse le vice à l'extrême, et montre un monde où l'Homme, et tous les êtres (les extra-terrestres), s'effacent afin de ne pas perturber l'harmonie de leur environnement. Quelle est la place de l'Homme dans un monde où il ne peut s'affirmer ? Où il ne peut plus s'identifier par des créations durables ? Est-ce encore un Homme ?

Mikhaïl, de Léon Tolstoï, conseillé par notre ami thésard comme le livre qui aurait prédestiné au choix de son prénom. Un conte russe, loin de fantastique mais plus proche de nos mythes chrétiens. Il y est donc question d'un ange, déchu, qui se retrouve sur Terre pour se racheter. Je n'étais pas le public visé et je n'ai pas plus été réceptif à un double sens qui aurait égayé mes lectures.

Retour donc à Jacques le Fataliste, qui après m'avoir décontenancé avec son style papillon me séduit déjà plus. Critique un peu plus constructive dans quelques jours mais d'ici là quelques heures de lecture enthousiasmantes.

Le Lion de Macédoine ; I- L'Enfant maudit, David Gemmell

On suit la vie de Parménion, le général macédonien, de son adolescence à Sparte jusqu'à son entrée au service de Philippe II, en passant par la révolte thébaine contre l'hégémonie spartiate, la bataille de Leuctres, etc. La fantasy est assurée par la prophétie du retour du "Dieu Noir", censé propager le Chaos sur le monde, que Tamis, une pythie, veut vaincre en utilisant Parménion, même contre son gré.

C'est sûr, dit comme ça, ça n'a rien de bien aguichant ou d'original, et c'est vrai que la série ne semble pas éblouir de ce coté, mais la lecture se fait très facilement ; Gemmell n'a aucune condescendance, aucune volonté de faire briller sa connaissance de la période. L'histoire est racontée rapidement, beaucoup d'évènements sont passés en quelques pages, et réutilisés plus tard dans la psychologie de Parménion. Ca déstabilise un peu, mais, sans que je puisse l'expliquer, le livre se lit avec beaucoup de plaisir, très facilement, le style est sans génie mais agréable.

En résumé, pour ce tome I : une valeur sûre, ni moins, ni moins. (<-- c'est volontaire)

Jacques le Fataliste, Diderot
Duquel je suis venu à bout avec un certain enthousiasme. Lecture très discursive au changement de narrateur intempestif : Jacques, le maître, un personnage externe qui semble être Diderot lui même (quelqu'un qui a étudié le livre au lycée pourrait-il me le confier ?) mais également les personnages rencontrés alors que les deux premiers voyagent, à la recherche de l'enfant dont le maître a endossé la paternalité bien malgré lui. Les histoires se succèdent, faisant intervenir un flot incessant de nouvelles figures, donnant lieu à de nouvelles histoires d'où s'échappent quelques lignes de fuite, libertinage, libéralisme... Intéressant enfin pour sa reconstruction du couple typique de la comédie classique.

Peer Gynt, Henrik Ibsen
Traduction moderne et audacieuse et probablement souvent à côté de la plaque. Bref, Peer Gynt ment au point d'en oublier qui il est vraiment au moment de sa mort. On suit sa vie le long d'un parcours qui le mène de sa Norvège natale jusqu'en Arabie, le tout teinté d'une certain fantastique scandinave (les fameux trolls dont le passage a été consacré par Grieg dans ses suites orchestrales). Bref, il y a bien plus intéressant à lire, y compris chez Ibsen (Maison de Poupées, par exemple).

Factotum Léonin a écrit:

Jacques le Fataliste, Diderot
[...]un personnage externe qui semble être Diderot lui même (quelqu'un qui a étudié le livre au lycée pourrait-il me le confier ?)

En fait, c'est un sujet épineux ; il est d'usage de considérer que le narrateur est un personnage à part, auquel Diderot ne veut pas être associé. A l'instar de Jacques, ou de Desglands, c'est une source d'histoire. Le doute est instillé par Diderot à la fin ; le narrateur dit qu'il y a 3 dénouements à cette histoire, et qu'il a obtenu des informations auprès de quelqu'un qui, la description faite, peut être Diderot lui-même.

En bref, Diderot ne veut pas être le narrateur.

Douleurs Exquises, Shusaku Endo
Outre l'originalité du point de vue (l'auteur est un japonais catholique), ce recueil de nouvelles est au final assez ennuyeux et redondant dans ses thèmes et personnages, voire outrancier dans le pathos.

Eragon, Tome 3, Christopher Paolini

Synopsis :
Un jeune fermier, vivant chez son oncle et sa tante, ignorant tout de la vie de ses parents, se trouve un jour catapulter dans une épopée fantastique, à l'aide notamment du vieux fou du village qui a le mérite d'être en réalité un gardien d'un ancien ordre disparu aujourd'hui, à cause d'un grand méchant qui en fait n'est qu'un pauvre type dont un être cher à ses yeux a péri.
Je vous abrège le "Je suis ton frère." Vous pensiez tout connaître des inspirations. A ce niveau-là, c'est du plagiat lamentable qui plus est. Avis aux amateurs

Stratégie de Liddel Hart

Un bouquin ou comme la théorie de l'auteur tient en 2 mots, il les sort 3 fois par page ... Le fond est phénoménal (quoique vite répétitif), mais la forme est gavante à souhait ...

(c'est un livre de stratégie militaire)